mardi 10 décembre 2019

Quoi de neuf ? - Avent & Noël 2019




Édito

Avent – en vue de ce qui vient

Nos méditations de l’Avent commencent cette année par cet avertissement de Jésus : « Tels furent les jours de Noé, tel sera l'avènement du Fils de l'homme ; car de même qu'en ces jours d'avant le déluge, on mangeait et on buvait, l'on se mariait ou l'on donnait en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et on ne se doutait de rien jusqu'à ce que vînt le déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme » (Matthieu 24, 37-39).

Jésus affirme alors (v. 42-44) : « Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir. Vous le savez : si le maître de maison connaissait l'heure de la nuit à laquelle le voleur va venir, il veillerait et ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Voilà pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car c'est à l'heure que vous ignorez que le Fils de l'homme va venir. »

Pour recevoir dans toute sa plénitude la promesse de Noël – le Seigneur vient –, il faut avoir entendu ces paroles de l’Avent. Paroles qui prennent peut-être une toute nouvelle actualité face à la menace écologique, considérée lors de notre dernier synode régional.

Quelle responsabilité nous incombe, en notre temps, quand les conséquences du pouvoir que nous donne notre technique nous échappent ? Quelle prise de conscience pour repenser ce pouvoir de façon responsable et veiller, comme nous y invite l’Avent – quelle conscience de la menace, quelle crainte, non pour en être paralysés, mais pour refonder notre responsabilité ?

« Dans ce vide (qui est en même temps le vide de l’actuel relativisme des valeurs) […] qu'est qui peut servir de boussole ? L'anticipation de la menace elle-même ! C'est seulement dans les premières lueurs de son orage qui nous vient du futur, dans l'aurore de son ampleur planétaire et dans la profondeur de ses enjeux humains, que peuvent être découverts les principes éthiques, desquels peuvent se laisser déduire les nouvelles obligations correspondant au pouvoir nouveau. Cela, je l'appelle “heuristique de la peur”. […]
« Sans doute [la responsabilité n'est] pas un phénomène nouveau dans la moralité. La responsabilité n'a pourtant jamais eu un tel objet […] jusqu'ici. Le savoir, aussi bien que le pouvoir étaient trop limités pour incorporer l'avenir plus lointain dans la prévision, bien plus, pour inclure la planète entière dans la conscience de la causalité personnelle. »
(Hans Jonas, Le principe responsabilité, 1979, trad. fr. 1990, 1995, Préface [7-9], Champs/Essais, p. 16-17.)

C’est alors qu’au-delà de la menace, retentit toujours à nouveau la promesse (Ésaïe 9, 1-6) : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres Voit une grande lumière ; Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort Une lumière resplendit. […] Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son épaule ; On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. »


Roland Poupin, pasteur
Qdn, Avent & Noël 2019