jeudi 29 avril 2021

Comment le Nouveau Testament se relie à l'Ancien ?



Comment le Nouveau Testament se relie à l'Ancien ? Par la référence à la même Alliance unique, éternelle, éternellement nouvelle. L’Alliance nouvelle est la part d’éternité commune aux alliances du temps, c’est-à-dire aux formes que l’Alliance prend dans le temps.

La forme de l'Alliance donnée à Noé dans le temps (en ce sens, ancienne) porte aussi sa dimension éternelle et nouvelle, celle scellée avec Abraham de même a sa part “ancienne”, dans le temps, et sa part éternelle. Il en est de même des formes de l'Alliance données au Sinaï, de l'Alliance en sa forme de promesse faite au roi David ou de l'Alliance présentée dans le temps en Jésus-Christ.

La partie “ancienne”, ce que le temps atteint, est, dans tous les cas, ce qui relève du temps : les rites propres à chacune des formes de l'Alliance. La part nouvelle, éternelle, est commune à chacune.

La part éternelle est déjà dite explicitement dans les livres des prophètes - voir Jérémie 31, 31-33, ou Ezéchiel 36, 26-27. Il y est question de la dimension nouvelle et éternelle de l’Alliance, appelée à s’inscrire dans les cœurs, dont les dispositions concrètes données au Sinaï sont la part temporelle.

Lorsque, au grand dam des prophètes, l'Alliance est rompue en sa dimension temporelle par les dirigeants royaux, successeurs de David, ce qui entraîne l’exil, Dieu promet qu’il la renouvellera : il en dévoile alors la part nouvelle et éternelle, alors que la part temporelle, “ancienne”, vient de buter contre la détresse du temps - concrètement la puissance de Babylone.

Vu sous cet angle, il apparaît que la nouvelle Alliance au sens biblique n’est pas le christianisme, qui est lui aussi du temps, en tant que ses rites, ses symboles, ses sacrements, etc., sont donnés dans le temps. L'Alliance éternelle est la part qui ne relève pas du temps, la part inscrite dans les cœurs (Ezéchiel 36, 26-27).

Jésus ne pratique de préceptes temporels que ceux donnés au Sinaï, qui valent jusqu’à la fin du temps (Matthieu 5, 18). Il n'est pas venu abolir la Loi, mais en observer pleinement les dispositions (Matthieu 5, 17).

Après son départ, la mission vers les nations posera la question de leurs observances propres, sachant que selon le judaïsme, les nations ne sont pas tenues d’observer les rites prescrits au Sinaï, mais seulement ceux qui relèvent de l'Alliance telle que donnée à Noé : c’est ce que rappellera Actes 15, 19-29.

Plus tard apparaîtra un nouveau rite, le rite chrétien, inconnu du temps de Jésus, rite qui relève lui aussi de l’ancien monde, monde du temps, aussi “ancien” (cf. Hébreux 8, 13) pour ce rite-là que pour les rites antécédents. En commun l’Alliance éternelle, reposant sur la seule fidélité de Dieu, et qui donc ne peut pas être rompue, et qui, elle, ne relève pas du temps.

La foi juive, fidèle au rite du Sinaï, attend la venue du Royaume promis par les prophètes.

La foi chrétienne relève de la conviction qui est celle des disciples de Jésus qu’il est le Messie, c'est-à-dire le successeur de David par qui vient le Royaume promis. Cette conviction des disciples est pour eux attestée par leur foi à la résurrection de Jésus, reçue comme réalisation de la promesse qui est au cœur de l’Alliance, à travers ses diverses dispositions temporelles : la venue du Royaume où même la mort est vaincue.

Le Nouveau Testament insiste sur le déjà, dans la résurrection de Jésus, de la venue d’un Royaume qui n’est pas encore pleinement advenu.

La foi juive insiste, avec l’espérance de voir le Royaume se réaliser pleinement, sur le constat que ce n'est pas encore le cas (la souffrance et la mort continuent leurs ravages) : nous ne sommes pas encore à la fin du temps.

L'alliance du Sinaï a donc toujours pleinement sa place, comme le disait Jésus (Matthieu 5, 18), tandis que l’alliance temporelle chrétienne repose sur la foi que Jésus est au cœur de la manifestation de la promesse.

Deux légitimités anciennes, deux rites, parfois nommés deux alliances, dont aucune des deux n’est, en regard de l’Alliance nouvelle et éternelle, plus ancienne ou plus nouvelle que l’autre (si ce n’est à un plan purement temporel - la première remontant au livre de l’Exode, la seconde au temps des Apôtres) : toutes deux inscrites dans le temps, elles sont toutes deux porteuses, en signe, de l’unique Alliance éternelle, éternellement nouvelle, par rapport à laquelle nous sommes tous dans l’espérance.

Deux légitimités et deux livres : la Bible hébraïque, que lisait Jésus, et la Bible chrétienne, incluant le Nouveau Testament, qui présente Jésus, et qui suit celui qui s’appellera pour les chrétiens, en regard du Nouveau, Ancien Testament.

RP, 23.04.21

mercredi 7 avril 2021

Origine du lapin de Pâques



Le lapin symbolisait autrefois la fertilité et le renouveau (comme le printemps). C'est en Allemagne du sud que serait née la tradition du lièvre de Pâques (Osterhase), avant qu'elle ne se répande dans le reste des pays germaniques, puis qu’elle ne soit exportée jusqu'aux États-Unis par des immigrants allemands, au XVIIIe siècle, sous le nom anglophone de lapin de Pâques (Easter Bunny) : une légende allemande rapporte qu’une femme pauvre, ne pouvant offrir des douceurs à ses enfants, décora des œufs qu'elle cacha dans le jardin. Les enfants, apercevant un lapin, crurent que celui-ci avait pondu les œufs.

Le lapin de Pâques, avant cela, pourrait s'originer en Saxe, où l'on honorait au printemps la déesse Éostre (Eastre), qui a donné son nom à Easter (mot anglais pour Pâques). Le lièvre étant l’animal emblématique de la déesse, il est resté associé aux fêtes de Pâques. De manière similaire, dans les traditions celtiques et scandinaves, le lièvre était le symbole de la déesse mère.

Quant aux œufs, dans l'Antiquité, Égyptiens et Romains s'offraient déjà des œufs peints, symboles de vie, au printemps. La tradition chrétienne date, elle, du IVe siècle : l'Église interdisant alors de consommer des œufs durant le Carême, ceux-ci étaient conservés pour être décorés et offerts à Pâques. Ce n'est qu'au XIXe siècle, alors que le cacao est devenu accessible, que les chocolatiers vont commencer à confectionner des œufs en chocolat. Une tradition qui, depuis, ne s'est pas perdue…

Reste donc que le lapin de Pâques distribue, la veille du matin de Pâques, des œufs de Pâques colorés ou en chocolat. Symboles de la vie, comme le lapin de la fertilité, œufs comme lapin sont associés alors à la Résurrection.

lundi 5 avril 2021

Covid-19 – Nouvelles mesures concernant les cultes

Info PO : Nouvelles mesures sanitaires à partir de lundi 5 avril


Suite aux annonces du Président de la République du mercredi 31 mars, de nouvelles mesures sanitaires pour freiner la pandémie du coronavirus ont été prises.

Les cultes sont toujours autorisés (entre 6 heures et 19 heures) dès lors que les consignes sanitaires sont respectées (port du masque, distanciation sociale). Si vous habitez à plus de 10 km du lieu, il vous faudra remplir une nouvelle attestation que vous trouverez en cliquant ici (papier) ou ici (numérique) : remplir et cocher la case correspondante.

Sur le site du gouvernement Couvre-feu et confinement : quelles sont les règles, concernant les lieux de culte, il est noté dans la partie Quels sont les mofits de sortie ? : « Vous devez rester dans votre département de résidence. Si vous en sortez, vous devez restez dans un périmètre de 30 km autour de votre domicile ». Pour connaître le périmètre dans lequel vous pouvez vous déplacer à partir de votre domicile rendez-vous sur ce site.


dimanche 4 avril 2021

Le parpaillot châtelleraudais | avril & mai 2021

Numéro 6 — avril-mai 2021,
Clic sur l’image :



Pâques au-delà de la mer / au-delà de la mort

La Pâque, Pessah : la sortie du pays de l’esclavage… La délivrance aboutit à la traversée de la mer. Le peuple hébreu est délivré, l'armée de Pharaon est engloutie par les eaux. Le texte de l’Exode nous rappelle qu’un chant de louange est adressé à Dieu (par Moïse, sa sœur Myriam et le peuple libéré - Exode 15). Un commentaire juif, dans le Talmud, nous dit alors :

“Au même moment (lorsque Moïse entonna le cantique) les anges du service demandèrent à dire un cantique devant le Saint - béni soit-il, celui-ci leur dit : les créatures de mes mains sont en train de se noyer, et vous voulez dire un cantique de grâce !” (Talmud de Babylone, Traité Sanhédrin)

La libération des esclaves s’est faite douloureusement. Les propriétaires d’esclaves ne libèrent pas de bon cœur ceux qu’ils considèrent comme leurs possessions. La Bible rappelle cette difficulté : il est des libérations qui ne se font qu’à travers des douleurs considérables. Comment ces épisodes terribles se sont déroulés concrètement, c’est difficile à dire, et au fond, le texte ne l’explique pas, même si, par sa façon d’en donner le récit, il affirme que cela n’échappe pas à Dieu - perçu comme maîtrisant tout ce qui arrive.

Ce qui vaut réjouissance, ce n’est pas la violence, mais c’est la libération des opprimés… qui entraîne le plus souvent des violences, comme, dans le texte de l’Exode, l'engloutissement de l'armée de Pharaon. À l'époque moderne non plus, la libération des esclaves (pensons à la guerre civile américaine) n'a pu se faire sans violence. Ce n’est pas la violence qui est réjouissante, c’est la libération - “go down Moses, tell old Pharaoh to let my people go” ! De même pour la Révolution française, ce n’est pas la violence qui est réjouissante, c’est la Déclaration des Droits de l’homme de 1789 qui en est sortie, écrite sur des tables similaires à celles que l’on représente pour le Décalogue biblique qui suit la Pâque. La libération, nécessaire, mais dont l’avènement s’est fait dans la douleur, a vu la proclamation d’une loi qui donne les règles par lesquelles ne pas retomber dans l’esclavage et la violence. De même au XXe siècle, la libération à l’égard du nazisme, qui n’a pas pu se faire sans violence, a débouché sur la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui exprime les règles à observer pour que cela ne se reproduise pas.

Dans tous les cas, la douleur a dû être traversée : c’est la Pâque, ou le passage (Pessah en hébreu) pour aboutir à l’avènement de la liberté. La douleur en est l’aspect tragique, qui attriste Dieu, selon le commentaire talmudique. Ce qui vaut la joie, c’est la liberté reçue, pas son prix douloureux.

*

Pâque, dans le christianisme, évoque cet autre passage, au-delà de la mer / au-delà de la mort : Pâques. Ce passage-là aussi s’est fait dans la douleur, celle de l’atroce violence de la crucifixion. La violence relatée dans l’Exode est bien présente ici aussi, tragique ! Elle est portée ici par le libérateur, celui qui a triomphé de la mort, le dernier ennemi qu’il a fallu combattre. Là aussi, ce qui est réjouissant, ce n’est pas la violence subie, c’est la libération, proclamée au dimanche de Pâques, scellant la victoire sur la mort et faisant de la croix le lieu de l'élévation de celui qui a subi et porté en sa chair toute la violence de ce combat. La croix apparaît, à la lumière rétroactive du dimanche de Pâques, comme l’élévation du Christ dans la lumière de la gloire du Père. Il a triomphé du dernier ennemi, dont la défaite finale (1 Co 15, 26) est ainsi annoncée et assurée.

Ce triomphe est la promesse qui nous est donnée dans notre traversée du désert de la pandémie… Le peuple de l’Exode a traversé le désert. Le Christ a commencé son ministère au désert annonçant sa solidarisation avec chacune et chacun de nous, solidarisation accomplie lorsqu'il a porté le prix de douleur de notre libération. D'autres déserts ont suivi, comme celui de nos ancêtres spirituels protestants français, interdits d'existence pendant plus d’un siècle, après un autre siècle de maigre tolérance. Désert, c’est le nom qu’ils ont donné à ce temps. Aujourd’hui, la pandémie apparaît comme un nouveau désert, nous appelant, à la suite du Christ, à la solidarité : le virus a tué, nombre de nos contemporains sont à l’heure actuelle totalement confinés. Celui qui, portant nos souffrances, a vaincu la mort-même, le Ressuscité, nous est donné en consolation, nous laissant son Esprit consolateur, Esprit de promesse qui nous invite à la solidarité dans la patience espérante, tendus vers le temps des retrouvailles, le temps de fête que préfigure ce temps de Pâques en lequel nous crions tout à nouveau : Maranatha, le Seigneur vient ! Maranatha, viens Seigneur !

À suivre ICI...

RP