jeudi 30 septembre 2021

Le parpaillot châtelleraudais | automne 2021

Numéro 9 — octobre-novembre 2021,
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Jésus et la Torah

“Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir” — littéralement “observer pleinement” (Matthieu 5, 17). Voilà qui est au cœur du Sermon sur la Montagne, et qui pose d’emblée la question classique de la relation de l’Évangile et de la Loi .

La question de cette relation de l'Évangile et de la Loi, selon le mot grec Nomos par lequel se traduit alors souvent le mot hébreu Torah, a pu être abordée par le biais de la relation entre deux Testaments dont l'un enseignerait la Loi et l'autre la grâce.

Approche commode, qui a même valu aux écrits des Apôtres le titre global d'Évangile, entendu dès lors comme Nouveau Testament, celui de la grâce, opposé à ce qu'en contrepartie on intitule de façon plus ou moins consciemment péjorative l’“Ancien Testament”, document perçu à terme comme dépassé et affreusement légaliste, tatillon et vengeur.

On comprend que cette façon d’opposer deux Testaments est erronée en regardant notre texte de près : Jésus ne remet pas en cause la Torah, mais certaines interprétations accommodantes qui en sont faites. Ce en quoi il est en parfait accord avec l’enseignement juif.

De là on en vient à imaginer que le commandement “tu aimeras ton prochain comme toi-même” est une invention du Nouveau Testament. C’est un commandement du Livre du Lévitique (19, 18) ! Ou sachant cela, on se contente de dire que les pharisiens ignoraient que c’était là un commandement central de la Torah. C’est faux aussi : il suffit de lire la parabole du Bon Samaritain (Luc 15) pour voir que c’est le pharisien lui-même qui présente à Jésus ce commandement comme central. Alors — toujours cette volonté de penser que Jésus innove — on en vient, au regard de ses paroles dans Matthieu, à penser que la Torah enseignait la haine des ennemis. Or la Torah ne dit jamais ça, non plus que le judaïsme rabbinique : Jésus entend en rappeler la teneur, qui est tout autre : un appel à la sainteté, à la plénitude de l’observance des préceptes, qui se résument à l'amour de Dieu et du prochain.

Exigence donnée par Jésus, écho au ”vous serez saints car je suis saint” (Lévitique 20, 26), Matthieu 5, 48 : “vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait” ! — la “perfection” en question ne consistant pas en un état tel qu'il nous arracherait à notre humanité et à ses faiblesses, mais en une visée sérieusement poursuivie, qui se traduit en comportement accompli, — mature, pourrait-on dire selon un sens possible de “parfaits” : l'imitation, dans le cadre de nos limitations, de Dieu faisant pleuvoir ou se lever le soleil sur tous, sans conditions.

Ainsi, la Loi se trouve aussi bien dans le Nouveau Testament, Loi qui est la même que celle de la Bible hébraïque ; et par ailleurs l’Évangile sous l’angle où ce mot désigne le salut par la confiance en Dieu, se trouve aussi dans la Bible hébraïque, où il est le même que celui du Nouveau Testament. L’Évangile est au cœur de la Loi. Sous un certain angle il est la Loi elle-même.

Ce sont là quelques-unes des questions que nous abordons pour cette rentrée de notre paroisse en étude biblique, avec pour titre : Jésus et la Torah. Où Jésus, loin de s’opposer à la Bible qui est la sienne, nous donne d’entrer en son cœur, pour en vivre la portée réelle dans toute son intensité.

RP

lundi 27 septembre 2021

Quoi de neuf ? - septembre 2021



Édito
“Patrimoine pour tous”

“Patrimoine pour tous”, tel était le thème des journées européennes du patrimoine de cette année 2021. Nous sous sommes arrêtés au patrimoine spirituel de l’Europe et de la France, et sur la transmission de ce patrimoine commun, ce livre juif qu’est la Bible, avec le rôle de la Réforme et du protestantisme.

« Le mot de réforme, dans le sens où nous l'entendons aujourd'hui est apparu, semble-t-il, aux États généraux de Tours, en 1484 [Luther a un an]. On y a parlé précisément de la nécessité d'une réforme de l’Église. » (Pierre Lovy, Introduction au Nouveau Testament de Lefèvre d'Étaples (1525), Nice, 2005). On entend opérer cette réforme par la Bible, pour réparer une chrétienté divisée depuis 1378. De 1378 à 1418, elle a eu deux papes simultanés. Suite du concile de Constance, tenu de 1414 à 1418, après avoir transité par trois papes, on est revenu à un pape unique, à Rome. Ce qui n’a pas mis fin à la division de la chrétienté : à l'entrée du XVIe siècle, les christianismes sont divers.

Concile et papauté ont échoué à faire l’unité, et se sont accordés pour condamner, en 1415, Jan Hus en qui est apparue une troisième option unificatrice : la Bible. L’Écriture comme principe propre à établir la paix. C’est la position de Luther : « Je ne crois ni au pape ni aux conciles seuls puisqu'il est évident qu'ils se sont souvent trompés et contredits. » Son refus de se rétracter — « ma conscience est liée par la Parole de Dieu » — est fondateur de la liberté de conscience. Le principe sola Scriptura entraînera plusieurs compréhensions — de la présence du Christ à la Sainte Cène, du baptême, etc., ce qui fonde plusieurs Églises protestantes, à une époque où il y a aussi plusieurs formes de catholicisme…

La paix d'Augsbourg vient poser un point d’orgue, en 1555, avec le principe « cujus regio, ejus religio » — « tel roi, telle religion ».

En France, la guerre civile fait suite à l'échec du Colloque de Poissy — tenu du 9 au 26 septembre 1561, convoqué par Catherine de Médicis pour établir l’unité. On a failli s'accorder sur la Confession luthérienne d'Augsbourg, qui serait devenue la confession de foi d'une Église gallicane unie ! Quelques mois après, le 1er mars 1562 est perpétré le massacre de Wassy, en plein culte, qui marque le début des guerres de religion en France. À l’échelle européenne, la dynastie des Habsbourg tente de réunifier religieusement son Empire (autre principe d’unité échoué, l’Empire), par la guerre : Guerre de Trente ans, qui débouche sur la disparition du tiers à la moitié de la population de l’Empire. Elle se clôt, le 24 octobre 1648, par les traités de Westphalie, qui marquent la fin de la chrétienté — remplacée par la civilisation actuelle, reçue trois mois après en Angleterre, créant la première république moderne lors de la Révolution protestante dite puritaine, reprise aux États-Unis avec la Déclaration d'indépendance référant à la Bible et en France avec la Révolution française et les Droits de l’Homme gravés sur les tables bibliques reprises du Décalogue puis la séparation des Églises et de l’État, reconnaissant la pluralité des cultes…

RP

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