samedi 27 juin 2020

Le parpaillot châtelleraudais | été 2020

Numéro 2 — juillet-août 2020,
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Dieu a tant aimé le monde…

« Dieu a aimé le monde ». Dans l’Évangile selon Jean, « le monde » — cosmos — est une notion le plus souvent négative. C’est ce qui est illusoire, vain, superficiel. Un faux arrangement pour lequel Jésus dit ne pas prier lorsqu’il confie les siens au Père dans son discours d’adieu (Jean 17, 9). Non qu’il le dédaigne : il y envoie les siens !

Car ce monde en souffrance, en proie à toutes les détresses, des guerres aux épidémies, des catastrophes écologiques à la haine, au racisme, à tant de fléaux, Dieu l’a tellement aimé « qu’il a donné son Fils unique » ! — « pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 16-17). Il l’a chéri infiniment, ce monde blessé. Et cet amour du monde se traduit dans le don d’une présence, celle de son Fils, pour un salut qui advient par un simple acte de foi en lui.

Quiconque croit en lui a la vie éternelle. Quel est cet acte de foi qui reçoit la grâce de Dieu donnée en plénitude dans le signe du don de son Fils ? C’est juste le regard de foi qui, du cœur des ténèbres, du chaos, du péché et de la culpabilité, de la souffrance, bref de l’exil loin de Dieu — se tourne vers lui.

Tel est l’acte de foi ouvert ici : au-delà de toute crainte qui préférerait rester plongée dans les ténèbres et le chaos, dans les œuvres mauvaises déjà absorbées par la mort — se tourner sans crainte vers celui de qui rayonne la lumière éternelle, par lequel le monde vient à son salut, vers celui qui, pendu au bois, élevé de la terre, fait resplendir la lumière en plénitude, en vie éternelle. La foi seule. La plénitude de la grâce y est donnée.

Ainsi, « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). Il n’est pas besoin d’autre jugement que celui qui a déjà eu lieu : être dans les ténèbres, puis y rester pour n’être né qu’une fois, n’être né qu’à ces ténèbres. Mais dans le Christ élevé de la terre, le jugement, en quelque sorte s’inverse, devient délivrance par la venue à sa lumière. C’est ainsi que le Souffle saint, l’Esprit de Dieu, opère en nous la naissance d’en-haut dans la foi au Fils de Dieu.

On est passé au-delà du jugement de l’ancien monde. Ou plus exactement, ce tournant est le jugement de l’ancien monde, au-delà duquel on passe, par la seule foi en ce qui s’est accompli en Jésus. Le jugement relève d’un passé déjà jugé, mais qui croit en lui n’est pas jugé ; il est passé de la mort à la vie, par la libération à l’égard du poids du mal, du péché et de son fruit de la culpabilité, bref de la puissance de la mort, comme autant d’aboutissements du mal, qui retenaient le monde captif.

Telle est l’immense nouvelle de ce verset central de l’Évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

RP

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