mercredi 5 juillet 2023

Le parpaillot châtelleraudais | Été 2023


Édito
“Si je ne m’en vais pas…”

« Si je ne m’en vais pas le Consolateur ne viendra pas » (Jean 16, 7).

« Quelques-uns verront le Règne de Dieu avant même leur mort » (Luc 9, 27) avait dit Jésus parlant de sa Transfiguration. Et voilà que, plus tard, la venue du Règne semble différée…

Voilà que dans l’Ascension, comme dans la Crucifixion, celui en qui vient le Règne de Dieu est « enlevé » (Actes 1, 2). « Vous ne me verrez plus », disait Jésus de sa mort, puis « encore un peu de temps et vous me verrez », disait-il de sa résurrection (Jean 16, 16). « Vous ne me verrez plus » — ce que confirme à nouveau l’Ascension : « une nuée le déroba aux yeux des disciples » (Actes 1, 9). « Puis vous me verrez encore » : bientôt, plus tard, la venue en gloire — dont l’espérance hors de ce temps dit qu’en ce temps, étant « au milieu de vous », « le Royaume de Dieu ne vient pas de façon à frapper les regards ». Aucune légitimité, donc, d’un règne d’une religion ou Église — Église de celui dont le Règne n’est pas de ce temps…

La Crucifixion et l’Ascension, le départ par la mort et par l’élévation, sont tout d’abord la marque d’une absence : son élévation à la droite de Dieu n’est pas comme un déplacement qui conduirait le Christ à une droite de Dieu « géographique » ! Dieu est dans un au-delà infini : une élévation comme déplacement d’ici à ailleurs durerait indéfiniment ! Et puis Dieu est universellement présent : la « droite de Dieu » est partout, comme les cieux des cieux ne peuvent pas le contenir ! Et le Christ ressuscité emplit lui-même corporellement toutes choses.

L’Ascension est un départ, déjà signifié par la Croix.

Dans le départ du Christ, c’est une réalité essentielle de la vie de Dieu avec le monde qui est exprimée : son retrait, son absence. Car si Dieu est présent partout, et si le Christ ressuscité est lui-même corporellement présent, il est aussi comme le Père, radicalement absent, caché.

Et nous le sommes aussi, en lui : « votre vie est cachée avec Christ en Dieu » (Colossiens 3, 3).

Pour lui, cette absence est aussi signe de son règne — de ce que l’on n’a point de mainmise sur lui —, et de quel genre est son règne. Le Christ entre dans son règne et se retire, voilé dans une nuée.

Et voilà qu’ici-même, en tous ces signes apparemment négatifs, s’est inscrite cette promesse : « il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, l’Esprit promis, le consolateur, ne viendra pas » (Jean 16, 7)…

Roland Poupin, pasteur

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