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Jésus et la Torah
“Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir” — littéralement “observer pleinement” (Matthieu 5, 17). Voilà qui est au cœur du Sermon sur la Montagne, et qui pose d’emblée la question classique de la relation de l’Évangile et de la Loi .
La question de cette relation de l'Évangile et de la Loi, selon le mot grec Nomos par lequel se traduit alors souvent le mot hébreu Torah, a pu être abordée par le biais de la relation entre deux Testaments dont l'un enseignerait la Loi et l'autre la grâce.
Approche commode, qui a même valu aux écrits des Apôtres le titre global d'Évangile, entendu dès lors comme Nouveau Testament, celui de la grâce, opposé à ce qu'en contrepartie on intitule de façon plus ou moins consciemment péjorative l’“Ancien Testament”, document perçu à terme comme dépassé et affreusement légaliste, tatillon et vengeur.
On comprend que cette façon d’opposer deux Testaments est erronée en regardant notre texte de près : Jésus ne remet pas en cause la Torah, mais certaines interprétations accommodantes qui en sont faites. Ce en quoi il est en parfait accord avec l’enseignement juif.
De là on en vient à imaginer que le commandement “tu aimeras ton prochain comme toi-même” est une invention du Nouveau Testament. C’est un commandement du Livre du Lévitique (19, 18) ! Ou sachant cela, on se contente de dire que les pharisiens ignoraient que c’était là un commandement central de la Torah. C’est faux aussi : il suffit de lire la parabole du Bon Samaritain (Luc 15) pour voir que c’est le pharisien lui-même qui présente à Jésus ce commandement comme central. Alors — toujours cette volonté de penser que Jésus innove — on en vient, au regard de ses paroles dans Matthieu, à penser que la Torah enseignait la haine des ennemis. Or la Torah ne dit jamais ça, non plus que le judaïsme rabbinique : Jésus entend en rappeler la teneur, qui est tout autre : un appel à la sainteté, à la plénitude de l’observance des préceptes, qui se résument à l'amour de Dieu et du prochain.
Exigence donnée par Jésus, écho au ”vous serez saints car je suis saint” (Lévitique 20, 26), Matthieu 5, 48 : “vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait” ! — la “perfection” en question ne consistant pas en un état tel qu'il nous arracherait à notre humanité et à ses faiblesses, mais en une visée sérieusement poursuivie, qui se traduit en comportement accompli, — mature, pourrait-on dire selon un sens possible de “parfaits” : l'imitation, dans le cadre de nos limitations, de Dieu faisant pleuvoir ou se lever le soleil sur tous, sans conditions.
Ainsi, la Loi se trouve aussi bien dans le Nouveau Testament, Loi qui est la même que celle de la Bible hébraïque ; et par ailleurs l’Évangile sous l’angle où ce mot désigne le salut par la confiance en Dieu, se trouve aussi dans la Bible hébraïque, où il est le même que celui du Nouveau Testament. L’Évangile est au cœur de la Loi. Sous un certain angle il est la Loi elle-même.
Ce sont là quelques-unes des questions que nous abordons pour cette rentrée de notre paroisse en étude biblique, avec pour titre : Jésus et la Torah. Où Jésus, loin de s’opposer à la Bible qui est la sienne, nous donne d’entrer en son cœur, pour en vivre la portée réelle dans toute son intensité.
RP
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