Édito
La lumière est venue dans un enfant
« Toutes choses ont été faites par la Parole divine, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des humains (Jean 1, 3‑4). Elle était la véritable lumière, qui éclaire tout humain venant dans le monde. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue » (Jn 1, 9‑10).
« En cette Parole est la lumière du monde », avant même la lumière naturelle. Dans la Parole divine, la lumière apparaît : que Dieu dise — « que la lumière soit », et la lumière est (Genèse 1, 3). Cette véritable lumière est la lumière spirituelle dans laquelle le monde prend forme. C’est la lumière des origines, la lumière de la vie, sourcée dans la Parole qui fonde le monde... et le monde ne l’a pas connue, de même que « nul n’a jamais vu Dieu » (Jn 1, 18). Nous voilà, « les siens qui ne l’ont point reçue » (Jn 1, 11), comme un « peuple marchant dans les ténèbres ».
Mais voilà aussi que « le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière » (Ésaïe 9, 1). Ce texte lu à Noël nous rappelle que cette même Parole qui aux origines fait sortir la vie des ténèbres est à nouveau au recommencement de toute chose, il y a maintenant 2021 ans. Car cette lumière est venue jusqu’à nous, nous rejoignant au cœur « des ténèbres qui couvrent la terre, du brouillard qui couvre les cités » (És 60, 2). Quand les ténèbres et le brouillard de nos douleurs — deuils et maladies dans nos vies personnelles et familiales ; menace climatique, menace pandémique ; scandale des abîmes des inégalités sociales et des mépris qui ébranlent notre vie commune, — nous empêchent encore de voir clairement ce mystère : le peuple que Dieu appelle est déjà rayonnant de Sa lumière, « car elle arrive, ta lumière » (És 60, 2).
Tournée vers Dieu (Jn 1, 1), en vis-à-vis de Dieu comme l'image est en vis-à-vis dans le miroir qui la réfléchit, la Parole du commencement s’est approchée. Dans le vis-à-vis de sa Parole, devenue chair à Noël, est la réflexion de Dieu même — « la Parole était Dieu ». Le mot pour Parole qu'emploie l’Évangile de Jean est en grec le même mot que pour « raison » (c'est le mot — logos — qui a donné « logique »). Dieu raisonne, parle et fait, exprimant ce qu’il conçoit dans son éternité — sa Parole de lumière devenue chair.
C'est à cette Parole des origines, créatrice, que renvoie ce commencement de l’Évangile de Jean, et à la lumière qui en est le premier effet. Une lumière qui précède toute lumière, vraie lumière, qui éclaire tout humain venant dans le monde…
« Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a fait connaître » (Jn 1, 18). En cette lumière, donnée comme celle de Noël, le monde de la résurrection est alors répandu comme une graine de lumière : venue à nous à Noël, cette même Parole qui nous fait venir à l'être peut aussi nous faire venir dès ce temps à la vie de Dieu, pourvu que nous l'accueillions : « Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. Mais à toutes celles et ceux l’ont reçue, qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jn 1, 11‑13).
RP
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