mercredi 9 novembre 2022

Quoi de neuf ? - Avent 2022


Numéro de l'Avent 2022

Édito
« Enseigne-nous à prier » « Enseigne-nous à prier » (suite de…)

…/… <br><br> Une espérance dont on désespère, celle d'un règne universel de la justice, annoncé par le ministère d&#8217;une Église qui rayonne, celle de jours où, par la parole de la promesse d&#8217;une paix universelle qui vient par la justice, tout est repris, mais dans la justice, de ce que font les empires et leurs paix imposées par la force et la violence, par le viol de la justice. <br><br> Au temps où Jésus donne le Notre Père, une vraie paix, juste, n'est jamais advenue en sa plénitude, Jésus en pleure sur Jérusalem ; depuis Jésus, ce n'est jamais advenu ni à Jérusalem ni non plus au sein des nations, pas même celles sur lesquelles son nom pourtant a été invoqué. Mais celui qui a porté cette espérance et qui en donne la promesse est plus vrai que nos désespérances &#8212; il a vaincu jusqu'à la mort même. Le Christ ressuscité ne meurt pas. Avec nous jusqu'à la fin du monde, il est celui qui nous envoie &#8212; nous nourrissant de sa promesse qui a vaincu toutes les désespérances. <br><br> &#171; Enseigne-nous à prier &#187;, ont demandé les disciples à Jésus qu&#8217;ils n&#8217;ont jamais vu prier &#8212; il se retire seul. &#171; Voici comment vous devez prier : quand vous priez, dites&#8230; Père&#8230; &#187;, répond Jésus. Voilà qui nous place dans l&#8217;intimité de Dieu &#8212; Père / &#171; Abba &#187;. Intimité : souvenons-nous que Matthieu précise : &#171; entre dans ta chambre, ferme la porte. &#187; Où l&#8217;on reçoit du Père la parole donnée publiquement de la chaire, déjà aux cinq livres de la Tora, reprise aux cinq livres liturgiques des Psaumes. Et en écho la prière devenue prière liturgique publique, le &#171; Notre Père &#187;.

« Que ton nom soit sanctifié », sanctifié c'est-à-dire mis à part, jamais prononcé en vain, et donc reconnu comme indicible. En outre, négliger le nom du Père, nous qu'il adopte comme ses enfants, c'est ne pas percevoir l’ouverture d'avenir qui s’y trouve. « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la terre » dit la Tora. D'emblée donc, la prière du Seigneur ouvre un avenir, ce qui fait rejoindre un des thèmes de cette sanctification du Nom dans les livres prophétiques : la venue du Règne où Dieu sanctifie lui-même son nom en accomplissant sa promesse.

Et effectivement cette première demande est suivie de la demande de la venue du Règne de Dieu en nos vies et dans le monde, par l’accomplissement de la volonté de Dieu jusque sur cette terre en désordre, dans la dépendance du Père pour le pain, du pain céleste à celui qui sous-tend nos vies, pour un Règne qui s’ouvre par une remise des dettes, des dettes littérales jusqu'aux dettes spirituelles et morales que sont nos fautes contre Dieu et autrui.

Les disciples ne savent pas qu'ils viennent de poser à Jésus une question très délicate, aux conséquences périlleuses pour eux-mêmes. Mais c'est par là, par la prière, que viendra le Règne de Dieu. En ces cinq demandes écho aux cinq livres des Psaumes. Sept chez Matthieu — la troisième et la septième de Matthieu étant une extension de la seconde et de la sixième demande (« que ton règne vienne » s'y commente en « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » et « ne nous mets pas dans l'épreuve » s’y commente en « délivre-nous du mal », littéralement du Mauvais, soit du Destructeur).

Cinq demandes qui risquent, si nous y sommes attentifs, de nous mener où nous ne voudrions pas, à savoir au Règne de Dieu dont nous demandons pourtant qu'il vienne. Aller où nous n'aurions pas prévu, ou du moins d'une façon que nous n'aurions pas prévue, comme Pierre à la fin de l'évangile de Jean (21, 18) : « un autre te mènera où tu ne voudras pas ».

Roland Poupin, pasteur

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire